Le pied, cet étrange objet du désir
En matière de sexe, le pied gagne à être connu. Petit ou grand, nu ou chaussé, il dégage un irrésistible parfum d’érotisme et se montre propice à bien des jeux coquins. La preuve par cinq !
Bête comme ses pieds. Que celui qui n’a jamais énoncé cet axiome nous jette la première chaussette. Loin d’être bêtes, les pieds sont au contraire d’un érotisme torride. Pas sexy les pieds ? C’est oublier les nombreux fantasmes qui entourent bottes (cuissardes de préférence), escarpins et autres friponnes petites socquettes. C’est oublier l’attrait irrésistible des talons aiguilles et le chiffre d’affaires astronomique de l’industrie de la chaussure.
Petit salé aux orteils
Mais d’où vient une si étrange séduction ? Des tréfonds de notre inconscient pensent les émules de Freud, qui voient dans le pied, et même dans les orteils, un phallus (ré)incarné, et dans la chaussure, une allégorie du vagin profond et mystérieux. Pour d’autres encore, la cambrure du pied ne serait pas sans évoquer celle, tout aussi délicieuse, des reins. Les habitants de pays comme la Chine et la Thaïlande, ont en tout cas longtemps voué une adoration particulière aux pieds féminins, jusqu’à les réduire cruellement pour les rendre plus conformes à leurs fantasmes. Les hommes étaient, parait-il, particulièrement excités en suçant les pieds réduits de leur partenaire. Certains allaient jusqu’à frotter leur pénis sur la plante soyeuse des petits petons de leur partenaire de futon. D’autres aimaient tremper les orteils de leur favorite dans un bol de thé, avant de boire l’infusion ainsi obtenue ! Les femmes n’étaient pas en reste. Dans les ouvrages érotiques chinois, on en voit souvent se masturber en se frottant la vulve avec leurs pieds, ce qui dénote une certaine souplesse. Ces agréables « piedliminaires » n’étaient cependant pas réservés aux seuls Chinois. Dans la France des maisons closes, sucer les pieds d’une prostituée était appelé « faire petit-salé ». Il existait même un « 69 » pour les amateurs de pieds : les deux partenaires, tête-bêche, se léchant mutuellement les orteils !
Fétichistes du pied
Des pratiques disparues ? Que nenni ! La sensualité des pieds explose même aujourd’hui à coups de chaussures savamment ajourées, de stilettos torrides, de chaînettes, de bagues de pied ou de vernis à ongles. Dans cet inégal combat du vice contre la vertu, le pied l’emporte haut la main, serait-on tenté de dire. Et bien que ce type de fantasmes soit de loin plus répandu chez les hommes que chez les femmes, il semble que de nombreuses dames ne soient pas insensibles aux caresses ou aux massages des pieds durant la rencontre sexuelle. Pour beaucoup, le pied reste cependant un accessoire érotique comme un autre. Mais certaines personnes vouent à la voûte plantaire et ses alentours, une attirance toute particulière, à la limite, parfois, du fétichisme voire de la domination. Podophiles est leur nom de famille, mais leurs préférences varient : il en est qui apprécient les ongles vernis, d’autres qui ne s’intéressent qu’aux gros orteils, qu’ils sont capables de sucer avec délectation des heures durant, d’autres encore qui se focalisent sur la chaussure. On prend son pied comme on peut. On prend son pied comme on veut.
Le pied, c’est le pied
Le pied de l’homme est unique. Sans lui, pas de station debout prolongée, pas de marche sur de longues distances. Pas de Kama Sutra non plus ! Car c’est le pied, disent certains scientifiques, qui nous a permis de passer du coït bestial à la position frontale de copulation que nous sommes quasi les seuls à pratiquer. Sans le pied, nous aurions été condamnés à la levrette à perpétuité. Grâce à lui, nous avons découvert les joies du missionnaire, de la gorge profonde, du cheval au galop ou du lotus renversé. Vive les pieds !
A lire :
Érotisme du pied et de la chaussure. William Rossi. Éd. Petite bibliothèque Payot.