Le tao du sexe
Oubliez le Kama Sutra ! Des siècles avant l’Inde, l’empire du Milieu a codifié un art amoureux raffiné et sensuel, faisant même de la sexualité une source de jeunesse et d’épanouissement. Coquins de Chinois !
N’en déplaise à Oshima, l’Empire des sens, ce n’est pas le Japon, mais bien la Chine ancienne. Car les Chinois n’ont pas inventé que les pâtes ou la poudre à canon. Ils sont aussi les premiers à avoir fait de l’amour charnel un art à part entière, quasi une philosophie. Dès le IIIe siècle avant J-C circulent en tout cas en Chine de véritables guides d’éducation sexuelle traitant de la meilleure façon de faire l’amour, de faire durer l’acte sexuel, de donner du plaisir et de conserver une sexualité harmonieuse. Axés sur la pratique et illustrés de dessins très suggestifs et détaillés, ces livres sont offerts aux jeunes couples et font parfois partie du trousseau de la fiancée ! On les posait le plus souvent à côté du lit conjugal et on n’hésitait pas à y puiser des idées coquines le moment venu. Il y avait de quoi, ces ouvrages recensaient quatre positions fondamentales et vingt-six variantes parmi lesquelles le ver à soie tissant son cocon, le dragon qui s’enroule, le tigre blanc qui bondit. Ce qui est tout de même plus poétique que missionnaire ou levrette !
La Voie du sexe
Tous ces livres s’inspirent abondamment des principes du tao (littéralement « La Voie »). Vieille de plus de cinq mille ans, cette philosophie prône l’harmonie entre les principes contraires mais complémentaires du yin et du yang. Dans le tao, la sexualité n’a rien d’un péché ni un vice. Au contraire, c’est la chasteté et l’abstinence qui ne sont pas naturelles ! Selon les principes taoïstes, épanouissement personnel et bonne santé passent par une vie sexuelle intense et épanouie. Et bonne nouvelle, l’amour charnel permet même de soigner ou d’éviter un grand nombre de maux, voire de prolonger la vie. Une très ancienne légende chinoise affirme d’ailleurs que Huang Di, le mythique empereur jaune, devint immortel après avoir couché avec 1 200 femmes en une seule nuit ! Mais vu cet exploit, peut-être l’était-il déjà avant ? Les moines et adeptes du taoïsme ne sont en tout cas pas les derniers à célébrer de façon très concrète l’union du yang, masculin, avec le yin, féminin et à pratiquer « l’art de la chambre à coucher ».
Six pénétrations différentes
La maîtrise de l’éjaculation est un des principes essentiels de cette sexualité taoïste. Selon celle-ci, un homme qui jouit sans éjaculer conserve non seulement son érection mais aussi santé, vitalité et longévité, tout en assurant à sa partenaire des heures de plaisir. Su Miao, un des plus grands médecins de la Chine antique, qui atteignit l’âge respectable de 101 ans, n’éjaculait, dit-on, qu’après avoir fait l’amour cent fois ! Les principales bénéficiaires de ces enseignements se trouvaient cependant être les femmes dont le plaisir était vu comme essentiel aux adeptes du tao. Ceux-ci se devaient dès lors de moduler leurs caresses et leur pénétration pour mener leur partenaire au septième ciel. Il y avait ainsi six façons différentes d’introduire le pénis dans le vagin de la femme, neuf façons de l’y agiter ou encore dix manières pour les dames de bouger pendant l’accouplement. L’homme devait surtout apprendre à régler la profondeur de ses pénétrations si le couple voulait bénéficier des bienfaits énergétiques de la copulation. Les rythmes comptaient souvent trois, six ou neuf pénétrations superficielles pour une profonde. Avec, parait-il, un orgasme cosmique à la clé ! Censuré sous la dynastie mandchoue et le régime communiste cet art de la chambre à coucher n’a pas complètement disparu. Ce Kama Sutra débridé compte même plusieurs milliers d’adeptes en Europe.
Êtes-vous une Tigresse Blanche ?
Dans la Chine d’antan, les Tigresses Blanches étaient des femmes initiées aux pratiques sexuelles et spirituelles du tao. Réunies au sein de sociétés secrètes, leur but était de préserver leur vitalité, mais aussi leur beauté et jeunesse éternelle. Leurs mystérieuses méthodes secrètes se basaient notamment sur l’absorption de l’énergie sexuelle de leurs partenaires masculins, principalement des hommes « Dragons Verts », connus pour offrir le summum d’énergie sexuelle. L’enseignement durait au moins neuf ans. Certains femmes seraient cependant des Tigresses Blanches nées. On les reconnaît, semble-t-il, à leur penchant pour l’exhibitionnisme et une tendance au choix méticuleux de leurs partenaires sexuels.
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Sources :
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Taoïsme, sur www.wikipedia.org
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Jean-Pierre Krasensky, Du tao sexuel au tantra, Ed. Charles Antoni – L’Originel.
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Dr Bernard de Wurstemberger, Le Taoïsme et l’Art amoureux. Revue Méridiens n°114, 2000. Sur www.meridiens.org
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L’art d’aimer en Chine, sur www.humanite.fr
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Le tao de l’extase ou littérature érotique chinoise, sur www.tao-yin.com
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Le tao de l’art d’aimer, sur http://chroniquestaoistes.free.fr/
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Gilles Colas, Réflexions chinoises et pensées européennes, Les éditions du Moulis.
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Hsi Lai, Les enseignements sexuels de la Tigresse blanche, Ed Guy Trédaniel.