Septième ciel sur orbite

Septième ciel sur orbite

Astronaute se rinçant le scaphandre

S’envoyer en l’air, c’est assez super, dit la chanson. Pas sûr. Peut-on vraiment faire l’amour en apesanteur ? L’expérience a-t-elle déjà été réalisée ? N’est-ce pas sans risques ? Place au sexe spatial et à ses mystères insondables.

L’ont-ils fait ou pas ? Depuis des années, des rumeurs et allusions graveleuses circulent sur de possibles expériences de sexe en apesanteur. Et depuis des années, la NASA dément la chose de la façon la plus catégorique qui soit, un peu gênée aux entournures quand même. On n’est pas pour rien l’agence spatiale officielle d’un pays où le puritanisme est roi. No sex, no comment, donc ! Apparemment, les astronautes américains sont bien trop occupés en vol pour penser à la bagatelle, dixit toujours l’agence spatiale américaine.

Pas de cochons dans l’espace ?

Il y a quelques années, l’ex-astronome et journaliste français Pierre Kohler prétendait pourtant le contraire dans un de ses livres (*). Affirmation démentie par la suite. Selon lui également, la NASA aurait même été en rapport avec une scientifique américaine, Elaine Lerner, pour définir et adopter un système de harnais destiné à faciliter les rapports sexuels en gravité zéro ! Ken Jenks, un ingénieur du Space Biomedical Research Institute, a lui signé un document intitulé « Cosmic Love », dans lequel il décrit comment, en 1996, l’agence américaine aurait conduit une série d’expériences destinées à déterminer les meilleures positions à adopter pour un rapport sexuel en apesanteur. Selon Ken Jenks, les chercheurs auraient obtenu, pour cette expérience très particulière, l’usage exclusif du pont inférieur d’une navette. Dix méthodes auraient ensuite été retenues. Quatre correspondaient à une approche « naturelle », et six utilisaient un système de harnais ou même un tunnel gonflable ! Problème, la NASA ne reconnaît aucune de ces révélations, alors qu’elles proviennent pourtant d’un scientifique dûment reconnu par l’agence. Une légende urbaine de plus ? Possible. Certains se demandent tout de même ce qu’ont bien pu fabriquer Mark Lee et Jan Davis lors de la mission STS-47, en septembre 1992. Les deux astronautes venaient en effet de se marier un an et demi avant, en cachette de la Nasa qui plus est ! Officiellement, aucun « amarrage » intime ne se serait pourtant déroulé à bord du vaisseau… nuptial. Même pas une petite masturbation sur orbite, un câlin géostationnaire, une caresse en apesanteur, sans même parler d’alunissage.

Mark Lee et Jan Davis parés pour la mise sur orbite ?
En haut à gauche : Mark Lee et Jan Davis parés pour la mise sur orbite ? Crédit NASA

Da, Da, DAAAA !

Les Russes sont-ils moins prudes que les Américains ? Ou plus délurés ? Toujours est-il qu’ils ont pour leur part reconnu officiellement une tentative « d’accouplement humain ». Celle-ci se serait déroulée en 1982, à bord de Saliout 7, entre la cosmonaute Svetlana Yevgenyevna Savitskaya et un des deux autres occupants de la station, à savoir Leonid Popov ou Alexander Serebrov. A noter que Svetlana était déjà mariée avant ce vol mémorable. Une autre « tentative », peut-être plus spontanée a peut être également eu lieu en 1991, à bord de la station Mir, entre la jeune cosmonaute britannique, Helen Sharman, et l’un des deux cosmonautes russes qui l’accompagnait. Sharman, que l’on avait pu voir à l’écran flottant en nuisette rose dans la station, affirma en tout cas qu’elle avait vécu avec ses collègues des « expériences fantastiques ».

La cosmonaute Svetlana Yevgenyevna Savitskaya et ses deux très proches coéquipiers
La cosmonaute Svetlana Yevgenyevna Savitskaya et ses deux, très, proches coéquipiers ! Wikipédia commons.

Zéro gravité, zéro érection

Essai de rapprochement en gravité zéro. Crédit : Steve Boxall

Techniquement, la baise sur orbite risque d’ailleurs de ne pas être des plus simples. En l’absence de gravité, les fluides sanguins ont par exemple tendance à migrer vers le bas du corps. Aucune érection n’est donc possible. Du moins pendant quelques jours. Même si personne ne semble s’être réellement penché sur la question, la lubrification vaginale pourrait aussi poser problème. Enfin, la quasi-absence d’attraction devrait également compromettre l’acte sexuel tel que nous le connaissons sur Terre. Un coup de rein trop vigoureux pourrait ainsi envoyer l’astropartenaire valdinguer à l’autre bout du laboratoire orbital ! Difficile d’imaginer un coït classique dans ces conditions. Officiellement, le problème n’est pourtant pas tant le « comment faire », que l’éventuel résultat de ces mises sur orbites charnelles. Comment se comporte le sperme en apesanteur ? Les spermatozoïdes trouvent-ils bien leur chemin vers l’ovule pour le féconder ? Et si fécondation il y a, l’embryon se fixe-t-il normalement sur la muqueuse utérine ? Enfin, les radiations spatiales ne risquent-elles pas de provoquer des mutations de l’ADN ? Certaines expériences de reproduction dans l’espace menées sur des animaux ou des insectes ne sont en tout cas pas bien terminées. En 1989, par exemple, un essai de fécondation d’œufs de poule en apesanteur s’est conclu par la mort toujours inexpliquée de la totalité des embryons après leur retour sur terre.

Houston, nous avons un orgasme !

Faire l’amour en vol spatial, il faudra cependant bien un jour qu’on y passe, au propre comme au figuré. On voit mal comment empêcher d’éventuels rapprochements entre astronautes lors de vols à destination de Mars par exemple. Un voyage qui est censé durer… trois ans ! Les expériences menées sur le plancher de vaches, dans les stations polaires notamment, montrent que les relations amoureuses au sein d’une équipe vivant en milieu confiné sont inévitables, même si elles peuvent parfois mettre la cohésion du groupe à rude épreuve. Mais sans sexe, ce serait pire encore !

(*) : La Dernière Mission : Mir, l’aventure humaine. Ed Calmann-Lévy.

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