Du sexe et des jeux
Les jeux coquins ne datent pas d’aujourd’hui. Certains étaient même pratiqués durant l’Antiquité. D’autres, comme le strip-poker, ont toujours autant de succès. Petite histoire des jeux du hasard et de l’amour !
Qui joue, jouit, pourrait dire la sagesse populaire, si du moins ce proverbe existait. De fait, les jeux, surtout d’argent et surtout de hasard, ont toujours entretenu des rapports étroits avec le sexe et l’amour. Dans le Paris du XVIIIe siècle par exemple, tripots clandestins et bordels partagent souvent les mêmes quartiers, voire les mêmes murs. L’argent passe de l’un à l’autre. De la table de jeu au lit des prostituées ! Ou vice(s) versa.
Jeu d’adresse, jeu de f….
Mais c’est aux Grecs que l’on doit un des tout premiers jeux érotiques connus : le cottabe. Il se joue dans les bains publics et au cours des nombreux banquets auxquels se livrent les Hellènes de l’Antiquité. Et comme dans tous les banquets, on boit beaucoup et on plaisante. On drague et on joue aussi pas mal. Un des jeux favoris est justement celui du cottabe. Le but était de jeter le fond de sa coupe de vin dans une vasque posée au milieu des invités. Tout en dédiant ce geste au convive présent, jeune homme ou courtisane, sur lequel on avait des vues particulières. Celui ou celle qui y réussissait avec élégance avait de bonnes chances de conquérir l’élu de son cœur ou de son corps. C’était, en tout cas, vu comme de bon augure pour la suite. L’ivresse aidant, l’exercice n’était pas des plus faciles. Ce qui explique sans doute les succès amoureux des meilleurs joueurs de cottabe, comme le révèle une anecdote qui met en scène le fameux philosophe Diogène. Abordant un jeune joueur aux bains publics, celui-ci le mit en garde en lui déclarant : « mieux tu feras, pis ce sera » ! Pas sûr que cela a eu beaucoup d’effets.
Escarpolette culottée
Ancêtre de la balançoire, l’escarpolette est à l’origine aussi un jeu coquin, un prétexte à marivaudage. Ce n’est pas pour rien qu’on la retrouve représentée sur une série de tableaux galants du siècle des Lumières. À commencer par la célèbre toile de Fragonard : Les heureux hasards de l’escarpolette. Pourquoi heureux hasards ? Parce que à l’époque, les dames ne portent pas de culotte, ce qui donne tout de suite un intérêt particulier aux mouvements de la balançoire. Plus elle monte haut, plus elle en fait voir aux spectateurs ! Du coup, on fantasme beaucoup sur cette activité récréative a priori innocente. À commencer par le commanditaire de la toile en question, le baron de Saint-Julien, receveur général des biens du clergé (sic) qui va jusqu’à donner à Fragonard de libidineux conseils de mise en scène : « Je désirerais que vous peignissiez Madame sur une escarpolette qu’un évêque mettrait en branle. Vous me placerez de façon, moi, que je sois à portée de voir les jambes de cette belle enfant et mieux même, si vous voulez égayer votre tableau » !
Full aux strings par les slips
Mais l’as des jeux érotiques c’est évidemment le strip-poker. Il serait né vers 1830 dans les bordels et tripots de la Nouvelle-Orléans à peu près en même temps que le poker lui-même. Rien de graveleux à la base. Il s’agit surtout pour des joueurs sans le sou de continuer les enjeux avec tout ce qui leur reste, à savoir leurs vêtements ! Le strip-poker, dont le nom est attesté pour la première fois en 1916, n’est d’ailleurs au départ joué qu’entre hommes. Les premières parties mixtes, plus coquines, débuteront vers les années 30, au sein des universités anglaises, avant d’essaimer dans le monde entier. Il existe aujourd’hui des compétitions plus ou moins officielles de strip-poker. Un jeu dont les règles sont le plus souvent celles du Texas Hold’em. Modes d’enchères : Limit, Pot Limit voire pour les plus courageux, ou inconscients, No Limit !
Échecs amoureux
Aussi étonnant que cela puisse paraître, les échecs eurent aussi une facette érotique. Dans la société du Moyen Âge, ils sont un prélude aux jeux amoureux, une métaphore de la séduction : « L’amant symbolise son amour par ce jeu qui ressemble de si près aux péripéties de l’amour. Parfois il vainc, parfois il succombe, comme il arrive dans les vraies batailles », peut-on ainsi lire dans le Livre des Échecs amoureux, un des grands classiques de la littérature courtoise de l’époque.
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