Combien de partenaires ?
En matière de sexe, les hommes et les femmes ne déclarent pas du tout le même nombre de partenaires. C’est le moins qu’on puisse dire. Entre vantardise des uns ou modestie des autres, qui croire ?
On pourrait l’appeler la « constante Casanova ». Dans la plupart des enquêtes sur le comportement sexuel, les hommes déclarent en effet systématiquement un nombre de partenaires supérieur à celui des femmes, même si l’écart a eu tendance à se réduire. Ce nombre varie même parfois du simple au double, comme dans cette enquête Durex datée de 2005 où les dames se contentent apparemment de 6,9 partenaires, ce qui n’est déjà pas si mal, là où ces messieurs disent en avoir fait craquer 10,2 en moyenne. D’après une grande enquête de l’INSERM réalisée en France, un homme en 2006 déclarait même 11,6 partenaires sexuels dans sa vie (toujours en moyenne, ce qui explique la virgule) et une femme 4,4 seulement !
1+ 1 = 3
Mais si les femmes ont moins d’amants que les hommes, avec qui ceux-ci font-ils donc l’amour ? Avec d’autres hommes ? Quatre pourcents de la population masculine affirment avoir déjà couché avec une personne du même sexe. C’est peu. Les chiffres sont d’ailleurs les mêmes pour la population féminine. Quelqu’un « ment » donc, mais qui ? Curieusement, plusieurs études se sont déjà penchées sur le phénomène. La chose est moins anecdotique qu’on pourrait le croire, car elle conditionne les politiques en matière de prévention des MST par exemple. Première explication, femmes et hommes n’auraient tout simplement pas la même façon de compter. D’après certaines études, nos modernes Dom Juan auraient tout simplement tendance à procéder par approximation quand il s’agit d’évaluer le nombre de leurs conquêtes, et donc à surévaluer un peu au pif. Les femmes, elles, procéderaient plutôt par énumération, en comptant les événements, ce qui les amèneraient éventuellement à sous-évaluer le nombre de leurs amants. Bref, les hommes se vanteraient plus ou moins inconsciemment et les femmes se révéleraient trop modestes par oubli. Mais d’autres explications ont aussi été avancées pour expliquer cette aberration statistique. En gros, les femmes avoueraient moins de partenaires parce qu’elles n’incluent dans leur décompte que ceux qui ont compté pour elles, pas les « coups d’un soir ». Les hommes compteraient eux, toutes leurs aventures galantes, jusque et y compris leurs relations sexuelles avec des prostituées.
Menteur, menteuse ?
Mais l’explication est peut-être plus simple encore. Une amusante expérience est ainsi relatée dans le « Journal of Sex Research » de 2003. Dans celle-ci, les chercheurs ont enquêté sur le comportement sexuel des hommes et des femmes, persuadés au départ que les hommes avaient tendance à surestimer le nombre de leurs conquêtes pour se faire valoir. Ils ont divisé les participants à l’étude en trois groupes. Dans un des groupes, les participants étaient reliés à un détecteur de mensonges, en réalité de simples électrodes qui ne marchaient pas. Dans l’autre groupe les réponses étaient recueillies sur un questionnaire anonyme et dans le troisième, on faisait croire aux participants qu’une personne écoutait leurs réponses derrière la porte entrouverte. Résultats: Les femmes pensant que leurs réponses pouvaient être entendues ont rapporté en moyenne 2,6 partenaires, celles qui bénéficiaient de l’anonymat, 3,4 et celles qui se croyaient reliées à un détecteur de mensonges, 4,4 en moyenne ! Dans les trois cas, les réponses des hommes n’ont pratiquement pas varié, variant entre 3,7 et 4 partenaires. Conclusion étonnante de l’étude : point de vue sexe, hommes et femmes sont sans doute bien plus semblables qu’on ne l’imagine. Et si les femmes mentent, c’est probablement, suggèrent les chercheurs, parce qu’on attend encore d’elles un comportement sexuel plus mesuré. Le raisonnement pourrait d’ailleurs s’appliquer aussi aux hommes : s’ils se vantent, c’est peut-être avant tout pour se conformer à l’image du mâle à qui rien ne résiste ? Les stéréotypes ont en tout cas encore de beaux jours devant eux.
Rebelote
Rééditée en 2013 par les mêmes scientifiques, et même élargie à d’autres activités et attitudes genrées, cette expérience a livré le même genre de résultats discordants selon les conditions dans lesquelles les questions étaient posées, à un détail surprenant près toutefois : les filles déclaraient cette fois-ci plus de partenaires en moyenne que les garçons lorsqu’elles étaient reliées au fameux « détecteur de mensonges » : 3,35 contre seulement 1,96 ! Le compte n’y est toujours pas, mais ces résultats annoncent peut-être un changement de mentalité. L’avenir nous le dira.
Sexe et mariage
L’image du célibataire qui papillonne à gauche et à droite, et qui multiplie les parties de jambes en l’air, a du plomb dans l’aile. C’est en tout cas ce que nous révèle la plus vaste étude jamais menée sur les comportements sexuels, laquelle a couvert les cinq continents et 56 pays. D’après celle-ci, ce sont au contraire les gens mariés qui ont l’activité sexuelle la plus fréquente. C’est surtout vrai pour certains pays d’Afrique, où être célibataire rime le plus souvent avec abstinence. Mais c’est également le cas plus près de chez nous, comme en France, où 40% des célibataires font régulièrement ceinture, pour quelques pourcents à peine chez les gens mariés.
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