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Lubrification surabondante, véritable éjaculation, émission urinaire… le mystère des femmes fontaines intrigue depuis des siècles. Quel secret se cache derrière ce curieux phénomène ?
Les hommes ont décidément des soucis à se faire, au lit comme ailleurs. Tenez, l’éjaculation par exemple. À première vue, un privilège strictement masculin. Eh bien pas du tout. Certaines femmes expulsent effet un liquide au moment de l’orgasme, et cela de manière involontaire et incontrôlable. Comme les hommes, quoi. Expulser, le mot n’est pas trop fort, et l’on peut même parfois parler de véritable geyser. Quant à la quantité de liquide expulsé, elle peut aller de quelques gouttes à l’équivalent d’un verre ! D’où le terme d’éjaculation féminine ou de femmes fontaines qu’on donne à ce phénomène. Ce mystère de la nature est connu depuis l’Antiquité. Le grand Hippocrate en avait même conclut que la conception avait pour origine le mélange de deux semences, l’une masculine, l’autre féminine.
Prostate féminine ?
Pendant longtemps, cet étrange phénomène est pourtant resté ignoré de la plupart des médecins. Et ce n’est que depuis une trentaine d’années qu’ils se sont prudemment penchés sur la question. On a d’abord associé cette expulsion de liquide à une lubrification particulièrement abondante. Or, le liquide en question n’est pas expulsé dans le vagin, mais débouche plutôt à l’entrée de celui-ci, et au moment de l’orgasme ou juste avant. Un peu tard pour faciliter le coït donc. S’agit plutôt d’une forme d’émission urinaire liée aux trépidations intenses de l’acte sexuel ou aux contractions dues à l’orgasme ? C’est ce que semblent montrer certaines études et analyses biochimiques. Mais pas toutes. Pour d’autres auteurs d’ailleurs, la clé du mystère se trouve au contraire dans une série de glandes proches de l’urètre féminin : les glandes para-urétrales, qu’on appelle aussi glandes de Skene. Qu’ont-elles de spécial ? Présentes chez 70 à 96% des femmes, elles partagent bien des analogies avec la prostate masculine, tout en étant plus petites et plus diffuses. Or, c’est dans la prostate qu’est fabriquée une partie du liquide séminal. D’autres études semblent d’ailleurs confirmer cette théorie. À l’analyse, les deux liquides se révèlent parfois très proches, hormis les spermatozoïdes bien sûr. Les femmes possèdent donc une sorte prostate qui réagirait de la même manière que celle des hommes lors de l’orgasme, en expulsant une sécrétion transparente, de consistance aqueuse, à l’odeur prononcée et au goût salé. Problème, cette éjaculation, dûment vérifiée, ne dépasse normalement pas la valeur d’une cuillère à café. C’est peu pour expliquer la quantité de liquide parfois expulsée par les femmes fontaines.
Pas de gêne mais du plaisir
Bref, le mystère reste pour l’instant entier. Pourtant, le phénomène n’est pas si rare. D’après des études récentes, de 6 à 36% des femmes seraient concernées. Voire plus encore. A nuancer tout de même. Certaines ne connaissent en effet ce curieux écoulement qu’une seule fois dans leur vie, d’autres qu’avec un seul partenaire, et d’autres encore à chaque fois qu’elles montent au 7e ciel, que ce soit manuellement ou pas. Pas facile pourtant de s’assumer comme femme fontaine. Fini les aventures d’un soir et les galipettes improvisées dans la voiture. Bonjour les alèses et les essuies absorbants. À côté du plaisir, très intense, que le phénomène procure, il y a aussi la gêne que cette sécrétion subite et parfois abondante peut susciter autant chez l’intéressée que chez le partenaire, qui peut l’assimiler, à tort, à une fuite urinaire ou à une concurrence déloyale ! Les hommes concernés auraient pourtant tort de se plaindre, au contraire. Pour une fois qu’ils peuvent constater sans erreur possible, les effets de leurs caresses…
À la source du plaisir
Peut-on favoriser l’éjaculation féminine ? Les avis des sexologues divergent. Pour certains, le phénomène ne met en jeu aucune zone particulière. Il est simplement le résultat d’un plaisir nouveau et intense. D’autres suggèrent par contre la stimulation des fameuses glandes de Skene par l’intermédiaire du point G ou encore du méat urinaire, situé juste en dessous du clitoris. Pas d’insistance exagérée cependant, surtout chez les femmes qui débutent leur vie sexuelle. Le mouvement répété du pénis sur le méat peut en effet provoquer une cystite appelée « cystite de lune de miel ».
Orgasme à l’africaine
Les habitants de l’Afrique centrale connaissent quant à eux depuis des siècles une technique qui semble favoriser l’orgasme et l’éjaculation féminine, c’est le kuynaza, notamment popularisé par le film Sacred Water ou le livre Les secrets de l’amour à l’africaine*. Dans les pays où on la pratique, cette technique amoureuse jouit d’une grande renommée. Elle mènerait les femmes directement à l’orgasme et même à plusieurs orgasmes à la suite, et tout ça sans pénétration ! Le kuynaza déboucherait même souvent sur une éjaculation féminine. Au Rwanda, certaines femmes sont d’ailleurs tellement fières de leur abondance en la matière, qu’elles font sécher leur matelas à un endroit où tout le monde peut le voir ! Dans sa forme la plus simple, le kuynaza consiste pour l’homme à tapoter le clitoris avec le gland de son pénis, qu’il tient dans sa main ou entre l’index et le majeur. Traditionnellement, cela se faisait sans pénétration, pour que la femme reste vierge jusqu’au jour du mariage. Aujourd’hui, on associe souvent cette caresse avec une pénétration plus ou moins profonde et lubrifiante. Le kuynaza peut se pratiquer en se concentrant sur le gland ou le corps du clitoris et en bougeant de haut en bas, ou encore de gauche à droite et inversement, ou en combinant mouvements horizontaux, verticaux, circulaires ou en zigzag. Mais il existe des variantes plus complexes de cette pratique. L’homme peut ainsi par exemple stimuler, toujours avec son gland, les petites lèvres et le vestibule en tapotant les premières puis le second dans un mouvement vertical, horizontal ou en zigzag, voire toute la zone de la vulve dans un même mouvement.
Nsekuye Bizimana. Le secret de l’amour à l’africaine. Leduc Editions.