Kama-sutra et cheveux gris
Faut-il faire une croix sur les plaisirs de la chair après cinquante ans ? Non, au contraire, c’est parfois l’âge où tout commence ou recommence !
Naguère, l’idée de sexe et de grand âge ne faisait pas bon ménage. La question était pour tout dire taboue. Aujourd’hui encore, il ne viendrait d’ailleurs à l’idée de personne de traiter quelqu’un de jeune obsédé. Mais l’inverse si. Pourquoi ? Quand on affiche plus de cinquante printemps au compteur, on n’aurait donc plus le droit de penser au sexe et encore moins de le mettre en pratique ? Faux évidement. Non seulement il n’y a pas d’âge pour s’envoyer en l’air, mais on peut avoir largement dépassé la cinquantaine et aimer le sexe, un peu, beaucoup voire à la folie. Les chiffres parlent d’ailleurs d’eux-mêmes. Dans une étude américaine portant sur plusieurs milliers de personnes, 55% des femmes et 75% des hommes de plus de 70 ans présentent un intérêt de modéré à fort pour la bagatelle ! En Belgique, même topo, une enquête de 2004 (*) montre que les plus de cinquante ans ont une vie sexuelle encore très active, de plus en plus active même si on compare ces résultats avec ceux d’il y a quelques années. En moyenne, ils font ainsi l’amour six fois par mois. Et seuls 7% d’entre eux n’ont eu aucune relation sexuelle durant les douze derniers mois. Selon une autre enquête belge menée auprès d’hommes en couple âgés de 80 à… 102 ans, 63% d’entre eux s’enverrait en l’air au moins une fois par mois !
Plus de temps pour les papouilles !
Papy et mamy feraient-ils de la résistance ? Nuançons un peu les choses. Que ce soit avant ou après cinquante ans, il n’y a évidemment pas de norme en matière de sexe. Passé un certain âge aussi, le nombre de rapports sexuels à naturellement tendance à décroître, notamment pour des raisons hormonales ou de santé. Il reste que les seniors d’aujourd’hui ne sont plus du tout ceux d’avant-hier ni même d’hier. Ils sont bien plus en forme que leurs parents au même âge. Et bien décidés à en profiter et à ne plus se laisser gagner par la culpabilité. Toujours dans la même étude, 90% des plus de cinquante ans interrogés affirment d’ailleurs qu’une vie sexuelle harmonieuse contribue fortement à une vie de couple réussie. Un quasi plébiscite impensable une génération plutôt. Bonne nouvelle pour tous les coquins et les coquines : le désir ne passe donc pas avec l’âge ! Pour certains, il aurait même tendance à s’accroître ou en tout cas à s’épanouir. Passé un certain âge, la crainte d’une éventuelle grossesse disparaît, les enfants sont grands ou ont quitté le nid familial, le temps libre augmente et les stress diminue. Plus rien n’entrave donc une vie amoureuse plus pimentée et de bien meilleure qualité, si ce n’est évidemment certains problèmes de santé ou sexuels (érection défaillante, sécheresse vaginale, libido en chute libre…), fréquents, mais que l’on peut soigner la plupart du temps.
Changement de rôles
Mais le plus grand changement de l’après-cinquantaine se passe peut-être au niveau des rôles sexuels. Quand le couple est jeune, c’est monsieur qui prend en général les choses en main lors des ébats amoureux. Mais avec l’âge, le guerrier se fatigue, perd de sa confiance en lui, et le feu de son désir brûle avec moins de vigueur, avec parfois d’ailleurs quelques ratés à l’allumage. Ce passage à vide peut être l’occasion pour Madame d’inverser les rôles et de commencer à prendre des initiatives. Ce qui est tout bénéfice pour le couple, à condition pour chacun d’accepter la remise en cause des rôles établis. Beaucoup de femmes sont d’ailleurs demandeuses à cet âge d’une sexualité épanouie. Toujours dans la même enquête, seul un quart des femmes se sentiraient « offensées » si leur partenaire prenait un médicament pour stimuler les érections. Plus de la moitié en serait par contre ravies ! Messieurs, à méditer.
La vision des seniors sur leur vie sexuelle a donc changé. Reste à modifier le regard des autres, notamment sur la question des personnes âgées vivant en home. Dans l’étude concernant les hommes de 80 à 102 ans vivant cette fois en institution, ils n’étaient plus que 8% à pratiquer des galipettes au moins une fois par mois. A quand, par exemple, des distributeurs de préservatifs ou de lubrifiant intime dans les maisons de repos ?
(*) Bayer HealthCare