Rêves humides

Rêves humides

Comfreak – Pixabay

Il s’en passe des choses sous les draps alors même que l’on dort. Rêves érotiques, orgasmes, pollution et lubrification nocturnes… Morphée a décidément des idées bien salaces !

La nuit, alors que le marchand de sable est, pour certains, déjà passé depuis longtemps, c’est au tour du marchand de sexe de venir en visiter d’autres pendant leur sommeil, le panier plein de fantasmes. Tout le monde rêve, c’est bien connu, même ceux qui ne s’en souviennent pas au réveil. Mais tout le monde rêve-t-il aussi de sexe, comme les suggère parfois la psychanalyse ? Probablement. Selon une enquête menée en France par l’INSEE, 70% des femmes feraient d’ailleurs des rêves érotiques et 80% des messieurs, soit la plupart des gens. Ce qui ne veut pas dire qu’ils en font chaque nuit de façon systématique. Cela vaut d’ailleurs mieux pour les draps ! Selon d’autres études, 8% des rêves auraient un contenu sexuellement explicite dont la nature serait, dans l’ordre : propositions sexuelles, baisers, fantasmes divers et variés, masturbation. Ce type de rêve serait cependant plus fréquent au moment de la puberté et des premières amours, mais ne disparaîtrait jamais complètement par la suite.

Carte de France

Ces bienheureux dormeurs ne font pas que rêver à un prince charmant particulièrement bien membré ou à cette collègue de bureau si sexy. Certains et certaines éprouvent même toutes les manifestations du plaisir sexuel : érections diverses et variées, lubrification vaginale, orgasmes francs et massifs, et même éjaculation en bonne et due forme, la fameuse pollution nocturne, si longtemps condamnée par l’Église ! Laquelle réveille souvent le dormeur et le laisse passablement ennuyé : se rendormir tel quel ou courir le risque de réveiller papa-maman en allant essuyer les dégâts ? Le phénomène est d’ailleurs bien connu chez les jeunes garçons pubères et possède même un nom : cela s’appelle faire une carte de France ou du Royaume. D’après le rapport Kinsey, 83% des hommes de 45 ans déclarent avoir connu des éjaculations nocturnes à un moment ou l’autre de leur vie. Plus précisément, la fréquence des rêves sexuels avec éjaculation nocturne varierait de 4 à 11% par an chez les hommes jeunes et de 3 à 5% chez les plus âgés. Environ 5% des sujets étudiés connaîtraient même ce type de rêve plus d’une fois par semaine, avec un maximum entre l’adolescence et 30 ans.

Les femmes aussi

Il n’y a cependant pas que les hommes à éprouver du plaisir, à mouiller leurs sous-vêtements, voire à ressentir un orgasme dans les bras de Morphée. Les femmes aussi, bien que le phénomène soit moins connu et moins étudié. Selon Kinsey toujours, à l’âge de 45 ans, 37% des femmes auraient vécu des orgasmes nocturnes. Et la plupart sont d’accord pour conclure qu’il s’agit d’une expérience très agréable ! Cinq pour cent d’entre elles aurait même pris leur pied la première fois de cette façon. Kinsey remarqua par ailleurs que ce type d’orgasme lié au sommeil est plus fréquent chez les femmes mariées ou l’ayant été que chez les célibataires, ainsi que chez les femmes de classes moyennes à supérieures. Une question d’expérience et d’imagination plus développée peut-être… Ou d’éducation. Depuis Kinsey, l’existence d’érections clitoridiennes nocturnes similaires à celles des messieurs, de lubrification vaginale et d’agréables contractions vaginales et utérines, a été démontré chez les femmes. Le phénomène serait cependant plus discret et passerait même assez souvent inaperçu. Certaines études montrent en tout cas que plus les femmes pensent au sexe pendant la journée, plus elles ont tendance à avoir des rêves érotiques ou des orgasmes durant le sommeil !

Fantasmes ou soupape de sécurité ?

Mais à quoi servent donc ces rêves frappés d’un carré blanc ? Le débat est loin d’être clos. Pour les psychanalystes freudiens, les rêves érotiques sont une manifestation déguisée de nos désirs inconscients et refoulés, l’expression de nos fantasmes. Les médecins ont eux longtemps cru qu’ils étaient une façon naturelle pour le corps de compenser l’abstinence sexuelle, volontaire ou non. Une sorte de soupape de sécurité ! Ce n’est pourtant pas ce que montrent les études. Certains facteurs biologiques pourraient aussi jouer un rôle dans leur apparition (cycle hormonal chez la femme). Depuis, la théorie dominante est de considérer les orgasmes du sommeil comme une forme de maintenance système pilotée par le corps.

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