Panne totale
Vous avez des problèmes d’érection ? Pas de raison de s’inquiéter. Tous les hommes connaissent un petit coup de mou un jour ou l’autre. Mais le problème peut aussi perdurer. Heureusement, il existe des solutions. Explications.
Tant qu’on bande, on ne pense pas que cela puisse s’arrêter un jour. Du coup, à la moindre panne, certains s’inquiètent de cette défection inopinée. Sentiment de perdre sa virilité, peur de l’impuissance, gène vis-à-vis du partenaire, les raisons de s’en faire ne manquent pas. Pas de panique pourtant. Tout homme, même jeune, peut avoir des problèmes d’érection un jour ou l’autre, même si ce n’est jamais le bon. Dans ce domaine, ce serait même plutôt la règle que l’exception. Près de la moitié de la gent masculine fait d’ailleurs occasionnellement l’expérience de problèmes d’érection, sans qu’on puisse parler de trouble.
Les mystères de l’érection
C’est que la bandaison est un mécanisme très complexe et subtil. Pour qu’un homme ait une érection convenable, qui permet la pénétration donc, il faut bien évidemment un pénis en bon état de marche, mais il faut notamment aussi que les artères, qui permettent à ce pénis de gonfler et durcir, ne soient pas bouchées. Il est nécessaire d’autre part que la conduction nerveuse fonctionne bien. C’est le cerveau en effet qui transmet au pénis les ordres appropriés pour qu’il entre en érection. Le zizi ne décide pas ça tout seul, même si c’est parfois l’impression qu’il donne. En réalité, la transmission nerveuse du sexe est particulière, elle dépend essentiellement du système nerveux autonome. Et donc, comme le dit Brassens, la bandaison, papa, ça ne se commande pas ! Par contre, certains neurotransmetteurs sont indispensables à la bonne réussite de cette action. C’est le cas de l’adrénaline, l’hormone du stress, dont la concentration dans le corps doit diminuer, car elle favorise la vasodilatation des artères destinées au cœur, au cerveau et aux muscles, mais pas celle du pénis. C’est le cas aussi de la dopamine, qui doit par contre augmenter, car elle déclenche toute une chaîne de réactions, dont la sécrétion de monoxyde d’azote, le plus puissant vasodilatateur naturel du corps. Lequel, par un mécanisme complexe, va provoquer un relâchement des fibres musculaires lisses du pénis, et permettre l’érection. Il faut enfin que les testicules sécrètent suffisamment de testostérone. On comprend que dans ces conditions, avoir le sexe turgescent à chaque fois et en toutes circonstances relève d’un petit miracle !
Le coup de la panne
Et parfois le miracle n’a pas lieu. On parle alors de dysfonction érectile ou plus généralement de troubles de l’érection. Le terme ancien d’impuissance, trop péjoratif, ayant été relégué aux oubliettes de la sexologie. Le dysfonction érectile correspond à une incapacité partielle ou complète d’atteindre ou de maintenir une érection, ce qui rend donc la pénétration peu satisfaisante, voire impossible. En moyenne, 11% des hommes en seraient atteints, dont 5% avant 40 ans et 25% après 60 ans. C’est beaucoup. Mais leur nombre est peut-être plus élevé, car beaucoup hésitent en effet à consulter pour ce problème assez gênant. Heureusement, dans la très grande majorité des cas, et surtout avant 50 ans, l’origine des troubles érectiles est psychique. Scénario classique : une panne mal vécue qui se transforme peu à peu en une angoisse quasi obsessionnelle de l’échec. Résultat, la panne s’auto-entretien. Cela tient au mécanisme même de l’érection, car pour être tendu, il faut être détendu, sans stress ! Or beaucoup de situations peuvent engendrer du stress et par conséquent compromettre les performances masculines : fatigue, dépression, mésentente conjugale, problèmes familiaux, professionnels, expériences sexuelles pénibles. Parfois, cependant la cause est organique (ou mixte). C’est le cas avec le tabac, qui obstrue non seulement les artères du cerveau ou du cœur, mais aussi celle du pénis. Mais d’autres causes peuvent encore mettre la zigounette en berne : un déficit de testostérone (responsable de la libido), l’abus d’alcool ou de drogue, le diabète, certains médicaments, les maladies cardiovasculaires…
Érection, le retour
La première chose est évidemment de traiter la cause, quand c’est possible. Psychothérapie ou sexothérapie, par exemple, lorsque la cause est psychique, traitement de fond dans le cas d’un diabète. Dans la plupart des causes organiques et mixtes, les médicaments, tels le Viagra, le Cialis ou le Levitra (ça ne s’invente pas), donnent aussi de bons résultats. En cas d’échec, on recommande des injections de prostaglandine dans la verge, l’usage d’une pompe à vide combinée à un anneau pénien ou la pose d’une prothèse pénienne. Toutes très performants, ces solutions ne sont cependant pas toujours bien supportées par le patient et sa ou son partenaire. Brassens, lui, avait une technique infaillible : il allait voir Fernande ou Félicie !
Viagra : plaisir ou nécessité ?
Tous ceux qui prennent du Viagra, et d’autres médicaments similaires en ont-ils vraiment besoin ? Non, d’après une étude finlandaise. Ils seraient même beaucoup plus nombreux (2,6%) à en consommer, que ceux à qui le médicament a été prescrit (0,6%). De quoi se poser des questions. Ces substances ne pourraient-elles, en réaction, entraîner chez ces hommes des difficultés à bander sans béquille ? Les auteurs de l’étude constatent en tout cas que plus l’usage de tels médicaments est fréquent, moins la confiance en sa propre érection naturelle est bonne. Or le dans ce domaine, le manque de confiance en soi est pour un homme un facteur très important de troubles de la bandaison.
Le syndrome du gland mou
Certains hommes ont pour leur part des tumescences tout à fait acceptables à l’exception près de leur gland, qui reste mou et ne gonfle pas, ou à peine plus qu’au repos. Ce phénomène, qui s’accompagne par ailleurs souvent d’une désagréable sensation de gland froid, est non seulement peu esthétique, mais il peut aussi aller jusqu’à entraver la pénétration. Pour des raisons qui restent encore largement à éclaircir, mais qui tiennent sans doute à des principes mécaniques et physiques, il semble qu’une pénétration quelle qu’elle soit, nécessite un « manche » ferme et un « point de contact » également rigide, en tout cas suffisamment dur. La chose est facile à vérifier avec une spatule dont l’extrémité est constituée de caoutchouc ! Cette affection encore mal connue, et dont on ignore la prévalence, a été baptisée « syndrome du gland mou » ou « floppy glans », par les médecins anglo-saxons. Plusieurs affections et maladies peuvent en être la cause : lésion neurologique, post-urétroplastie, maladie vasculaire, traumatisme périnéal, chirurgie du priapisme ou de l’implant pénien, maladie de La Peyronie. Le traitement de ce syndrome du gland mou est quasi identique à celui des troubles de l’érection.