Regards lubriques

Regards lubriques

Regard et séduction

Les yeux sont le miroir de l’âme, dit le poète. Oui, mais ils reflètent aussi les élans de nos protubérances et orifices sexuels ! Un coup d’œil en dit d’ailleurs souvent plus long sur nos intentions en la matière que le plus beaux des madrigaux. Il y aurait même un regard précopulatoire !

Lui est assis au bar d’un hôtel quatre-étoiles. Elle à une table à deux mètres de lui. À un moment donné leurs regards se croisent un bref instant, et font tilt ! Dans les minutes qui suivent, leurs yeux vont encore se rencontrer plusieurs fois de suite, de plus en plus longtemps, jusqu’à ce que l’un des deux se lève, s’approche de l’autre et lui pose la question rituelle : puis-je vous offrir un verre ? Ce qui est une façon somme toute élégante de dire : voulez-vous coucher avec moi ? L’autre répondra probablement oui, en attendant la suite. Et tout ça grâce à une simple œillade, comme dans les romans à l’eau de rose. Sauf que pour une fois la Collection Harlequin est dans le vrai. Le regard est un signal de séduction particulièrement efficace, voire ravageur.

Droit dans les mirettes

C’est d’ailleurs ce que montrent plusieurs études scientifiques. On a d’abord remarqué qu’un regard appuyé fait libérer de la dopamine dans le cerveau. Laquelle dopamine est une molécule du plaisir, impliquée dans ce que les médecins appellent le circuit de récompense. Elle est notamment sécrétée lorsque l’on a un rapport sexuel, que l’on goûte à un plat délicieux où que l’on absorbe des drogues ! Cette découverte a notamment été mise en évidence dans une expérience menée l’Université de Londres. Il s’agissait d’observer l’activité cérébrale (si, si) d’un groupe d’hommes à qui l’on faisait voir deux types de visages féminins : un premier qui montrait des femmes regardant droit dans les yeux, et un second, des femmes regardant ailleurs. Résultat, alors que les femmes au regard fuyant laissaient ces messieurs indifférents, les portraits de femmes au regard direct suscitaient chez eux une activité intense dans le striatum ventral. Cette zone du cerveau s’avère être le centre de la motivation et est impliquée dans les mouvements volontaires. De la dopamine peut y être relarguée en quantité lorsqu’on anticipe un plaisir intense et une puissante excitation. Parallèlement, les volontaires étaient priés de dire, parmi les portraits féminins, ceux qu’ils trouvaient les plus attirants. Or, les scores d’attirance étaient bien plus importants avec les portraits au regard direct qu’avec les autres. En clair, pour capter l’attention d’un mâle, une femme à tout intérêt à mater celui-ci directement dans les yeux (on a dit les yeux). Non seulement, la dopamine incite l’homme en question à tenter sa chance, mais elle rend aussi la femme plus attirante. Cette invite oculaire n’a peut-être pas échappé à nos ancêtres. Dans la plupart des sociétés traditionnelles, on exige en tout cas souvent des jeunes filles de garder le regard chastement baissé.

Regard précopulatoire

Une seule œillade ne suffit évidemment pas à faire tomber n’importe quel homme dans les filets d’une séductrice. Et inversement. Il faut que les yeux s’attardent les uns dans les autres plus d’une seconde. Plus le contact visuel se prolonge, plus l’accouplement serait même proche. C’est ce que les scientifiques appellent le regard précopulatoire. Ce comportement a d’abord été identifié chez les babouins, les chimpanzés ou les gorilles. Ces singes se regardent en effet profondément dans les yeux avant de s’envoyer en l’air. Mais il existe aussi chez l’être humain. Chez l’homme et la femme, la rencontre commence ainsi par un regard qui se pose une fraction de seconde, avant de se déplacer et de se poser ailleurs. S’il est positif, ce regard va vite être suivi par d’autres, chacun rompant le contact visuel à tour de rôle. Puis vient un moment où les regards se synchronisent. A partir de ce moment, la femme et l’homme sont les yeux dans les yeux. À chaque seconde qui passe, une dose de dopamine supplémentaire est libérée dans le cerveau. Deux secondes dénotent un intérêt certain de la part de votre vis-à-vis. Quatre secondes ? Il ou elle est fou (folle) de vous. Au-delà de six secondes, la question ne se pose probablement même plus. Vous serez sans doute déjà en train de vous embrasser sur un canapé !

Belladone

En matière de séduction, le regard seul ne suffit pas toujours. La taille de la pupille a aussi son importance. Plus elle est dilatée, plus elle rend le regard langoureux, plus elle signale aussi la disponibilité sexuelle et le désir. La pupille est d’ailleurs complètement dilatée durant l’orgasme. Les études le confirment à une nuance près. Les femmes préfèrent en général les hommes aux pupilles moyennement dilatées. Alors que les hommes sont sexuellement excités à la vue d’une femme aux pupilles très dilatées. Les jolies Italiennes de la Renaissance ne l’ignoraient pas, elles qui instillaient un peu de belladone dans leurs yeux, ce qui avait pour effet de dilater leurs pupilles et de rendre leurs yeux plus sensuels. Belladone signifie d’ailleurs belle femme en italien !

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