Tuning sexuel
On ne les voit pas, mais ils sont pourtant parmi nous. Qui ? Pas les Martiens ni les Illuminati bien sûr, mais plutôt les piercings génitaux. Leurs adeptes seraient même de plus en plus nombreux. Pour quelles raisons orne-t-on son sexe d’un bijou intime ? Quel effet ça fait ? Est-ce sans danger ? Petit regard indiscret sur la mode du tuning génital.
Connaissez-vous le Prince Albert ? Pas notre ancien monarque avant sa prestation de serment bien sûr, ni son cousin monégasque. On donne sa langue au sexe ? L’Albert en question n’est pas une personne mais un piercing, et du membre viril encore bien. La petite histoire veut que ce bijou intime ait été inventé pour Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, mari de la Reine Victoria, afin qu’il puisse maintenir sa princière verge sur le côté, arrimé à la cuisse par un crochet cousu dans son pantalon ! C’est que la mode de l’époque était aux culottes extrêmement moulantes, portées qui plus est avec une redingote ouverte. Cela c’est pour la légende. Dans la réalité, les piercings génitaux sont sans doute apparus pour la première fois chez les Romains, bien qu’on les mentionne aussi dans le Kama Soutra. Il va pourtant falloir attendre les années 70 pour qu’ils se popularisent, surtout dans le milieu BDSM, friand de fétichisme et d’esthétique du corps.
Gourmette de verge
Est-ce à dire que le piercing est un joujou pour sadomaso ? Voire. Aux dires du corps médical, les adeptes du piercing génital sont en tout cas de plus en plus nombreux. Les simples anneaux de métal un peu cheap des débuts ont également fait place à des bijoux plus élaborés, comportant métaux précieux, fines chaînettes, cristaux et pierreries, motifs originaux. Le domaine a même ses créateurs vedettes, ses collections, mais pas encore ses défilés. Avis aux a-mateurs ! Pour les douillets des deux sexes, il existe également aujourd’hui des bijoux intimes « piercing like » sans douleur : clips ou anneaux pour les grandes lèvres, colliers de seins, gourmette ou anneau de verge, chaînette pour testicules… De quoi se faire de c… en or.
Attention, complications
Il est vrai que les complications médicales éventuelles dues à ces pratiques originales peuvent être nombreuses, disent aussi les médecins. Outre les infections classiques associées au piercing en général, il y a aussi des complications spécifiques au piercing génital. Et la liste est plutôt longue : risque accru de MST, priapisme (pouvant évoluer vers une impuissance définitive), paraphimosis chez les hommes, rétrécissements, fistule de l’urètre ou encore de traumatismes par arrachement (ouille), rupture (re-ouille). En plus, des traumatismes vaginaux ou anaux peuvent survenir à l’occasion des rapports sexuels. On connaît même des cas de stérilité chez l’homme et la femme.
Les anneaux magiques
Cela n’arrête cependant pas les adeptes du piercing intime. Alors, pourquoi subir ce que certains spécialistes comparent à une forme de mutilation ? Par plaisir de posséder un secret connu seulement de quelques intimes ? Parce que c’est sexy ? Parce que ça fait mal et que donc pour certains, cela fait du bien ? Dans une enquête belge menée au CHU du Sart Tilman, cette recherche de la douleur-plaisir ne semble en tout cas pas être la motivation principale. Un quart des répondants affirme même ne pas être du tout attiré par les scénarios SM. Par contre, la notion de plaisir semble bien plus prépondérante. Qui l’eût cru, mais dans la grande majorité des cas, les participants constatent une amélioration parfois nette de leur plaisir sexuel et des sensations érotiques ? Et c’est valable aussi pour le partenaire ! Le piercing génital doit rester cependant une démarche personnelle et mûrement réfléchie.
Où les bijoux ?
Prince Albert : Le plus courant des piercings intimes masculins. Rentre dans l’urètre et ressort à coté du frein sous le gland. On y place en général un anneau.
Piercing du capuchon : Situé dans la peau, juste au-dessus du clitoris. Peut être horizontal ou vertical. Dans ce dernier cas, la stimulation est semble-t-il plus intense… et permanente.
Piercing du clitoris : Rare. Nécessite un clito de taille respectable.
Piercing des lèvres vaginales : Un des plus simples à réaliser et aussi un des plus courants.
Source
Belgian Journal for Sexual Health. Juin 2008.
Ce texte vous a plu ? N’hésitez pas à lire mon nouveau livre, La fabuleuse histoire de la levrette, une plongée dans l’histoire de cette sulfureuse pratique et du tabou qui la frappe ! Un ouvrage hyper-documenté, plein d’humour et salué par la presse. Paru aux éditions La Musardine.