Panne de coeur, panne des sens ?
Qu’est-ce que cela donne côté sexe quand on a des problèmes côté cœur ? Combien de temps après un infarctus peut-on rependre une vie sexuelle ? Et tant qu’on n’est pas mort, est-ce qu’on bande encore ? On sort les stéthoscopes et on s’informe.
Le sexe a beau avoir des raisons que le cœur ignore, un palpitant un bon état de marche, ça aide pour s’envoyer au septième ciel. Problèmes de cœur et sexe ne font d’ailleurs pas toujours bon ménage. Du moins en matière d’érection. Pas de chance en effet, les patients souffrant de problèmes cardio-vasculaires ont souvent en plus des troubles sexuels. Normal, pour bander, lubrifier ou orgasmer correctement, il faut des artères en bon état, ce qui n’est pas toujours le cas des diabétiques, des hypertendus ou de ceux dont le cholestérol flirte avec les sommets. Selon une étude importante réalisée en 1994, les troubles de l’érection toucheraient par exemple 15% des hypertendus traités, soit un patient sur 7 ! Bien sûr, les difficultés à mettre Popaul au garde-à-vous ou à lubrifier, cela se soigne, notamment par des médicaments. Manque de pot bis, les Cialis, Viagra et autres Levitra ne sont pas conseillés à tous les malades cardiaques, en tout cas pas sans précautions, ni sans avis médical. Certains traitements de la maladie cardiaque sont même parfois incompatibles avec la grosse pilule bleue et ses cousines. D’autres, comme certains antihypertenseurs, ont des effets négatifs sur la libido. Il est néanmoins formellement déconseillé de les arrêter sans en parler à son médecin. Tirer un coup oui, mais attention à ce que ce ne soit pas le dernier !
L’orgasme : 120 pulsations !
Cela dit, les galipettes sont loin d’être le sport de haut niveau que l’on prétend parfois. Une étude conduite sur des personnes d’âge mûr enregistrées à distance en train de faire l’amour à domicile a permis de montrer que le pic de fréquence cardiaque se situe aux alentours de 120 pulsations. L’équivalent d’un petit footing ! Bien sûr, les cas de mort subite après une séance de radada un peu trop énergique existent. Mais ils sont extrêmement rares : de 0,9 % à 1,3 % des cas selon les études ! Pas de quoi s’abstenir. Mieux, une étude néo-zélandaise a montré qu’une activité sexuelle suffisante entraînait chez chacun une diminution de la mortalité en général. Bref, le sexe, au même type que d’autres activités physiques modérées, comme la marche ou le vélo, est excellent pour la santé et la forme, y compris pour la plupart des personnes atteintes de problèmes cardio-vasculaires. Cœur et cul, même combat !
Deux volées d’escalier
Comme pour toute décision impliquant la santé, le cardiaque, homme ou femme, se référera utilement à son médecin, ou encore à son cardiologue, pour savoir s’il peut ou non pratiquer le Kama Sutra en version non expurgée. Un test à l’effort tout à fait classique est parfois pratiqué pour s’en assurer. Un principe général toutefois : si vous pouvez monter deux volées d’escalier sans risquer l’infar à chaque marche, vous pouvez vous livrer aux délices de la chair ! Pour ceux qui doutent malgré tout, ou qui doivent faire plus attention, reste à adopter l’amour à la paresseuse ou à la Duc d’Aumale. Une position qui n’a pas que des désavantages, que l’on soit cardiaque ou pas ! Mais quand, après un problème cardio-vasculaire, peut-on recommencer à faire l’amour ? Les médecins là aussi sont unanimes : dès qu’on en a envie. La plupart des patients reprennent d’ailleurs une activité sexuelle moins de deux ou trois semaines après leur sortie de l’hôpital ! Pour certains médecins, plus on copule tôt, plus la vie du couple et l’état cardiaque du malade s’en ressent positivement. On a connu des recommandations médicales plus désagréables !
Greffe cardiaque et libido
Aux premiers temps des greffes cardiaques, personne ne songeait à la vie sexuelle des receveurs. On se demandait surtout si les greffes allaient prendre. Progrès médicaux oblige, on se penche aujourd’hui sur la capacité des transplantés à prendre leur pied ou avoir une érection ! Et que disent les études récentes ? Si côté rigidité et orgasme, de nombreux problèmes peuvent subsister, la libido de greffés du cœur s’avère, par contre, souvent identique ou meilleure à ce qu’elle était avant l’intervention. Seuls quelques transplantés renoncent en tout cas aux galipettes par peur d’y rester !