Perversions
La perversion sexuelle est un concept à géométrie variable. Naguère, le simple fait de se masturber régulièrement vous classait d’emblée dans la sordide catégorie des pervers irrécupérables. On n’en est plus là, mais les choses ont-elles vraiment changé ?
Ne dites d’ailleurs plus vieux dégoûtant, mais paraphile mature. Né aux États-Unis, le terme paraphilie tend en effet à supplanter, dans le vocabulaire psychiatrique, le mot perversion et l’inévitable condamnation morale qu’il charrie. A-t-on pourtant gagné au change ? Pas sûr. Car ce terme de paraphilie (du grec « para », « en marge de », et « philie », « amour, attirance ») sert parfois à désigner toute conduite sexuelle qui s’écarte un tant soit peu du schéma classique : attouchements-étreinte-pénétration. Hors du saint coït point de salut donc, pour les gardiens de l’orthodoxie sexuelle. Le problème, c’est qu’il y a du coup beaucoup de choses à interdire. La fellation ? Indécent. La sodomie ? Une erreur d’aiguillage regrettable. Les sex-toys ? Puéril et immoral. Les films porno ? No !
Le pervers, c’est l’autre !
Pourtant, où situer la frontière entre comportement sexuel normal et pratique condamnable ? Et condamnable d’ailleurs au nom de quoi ? La définition de la perversion serait-elle inscrite quelque part dans les astres ? Au regard de la loi, en tout cas, et hormis quelques exceptions, toute pratique sexuelle entre deux adultes consentants est admise. C’est donc plutôt la société qui définit ce qui est dépravé et ce qui ne l’est pas. Cette définition évolue d’ailleurs, elle change aussi selon les cultures. C’est ainsi que depuis 1973, l’homosexualité n’est plus considérée comme une paraphilie, alors que l’échangisme l’est parfois encore ! Allez comprendre. Chacun a aussi tendance à définir le vice selon ses propres critères et son propre comportement sexuel. En cas de divergences, le pervers sera évidemment toujours l’autre. Cela dit, il ne faut pas sous-estimer le rôle moteur des tabous en matière de sexualité. Plus un comportement est moralement réprouvé, plus il a tendance à provoquer les transgressions. C’est le piment de l’interdit.
Monomanie sexuelle
Tout serait permis, alors ? Évidemment non. On comprend bien que certains comportements sexuels ne peuvent être considérés comme normaux. C’est le cas par exemple des activités sexuelles qui entraînent des lésions physiques ou qui mettent la vie d’une personne en danger (comportements violents, faire l’amour sans protection contre les MST), de celles qui sont contraires aux lois (exhibitionnisme, pédophilie, zoophilie, inceste…), et en règle générale de toutes celles qui portent atteinte à la liberté de choix de la personne. Du côté des psychiatres, on considère aussi qu’une perversion sexuelle peut poser un problème quand une personne en devient esclave au point qu’elle ne puisse plus jouir autrement que par son intermédiaire. On parle alors de monomanie. C’est le cas aussi lorsqu’elle engendre de la souffrance, perturbe la vie quotidienne et les rapports avec les autres.
La perversion dans le couple
Et dans le couple ? Rêver de se faire attacher, fouetter, d’échanger son partenaire, et passer de temps en temps à l’acte, ne fait pas nécessairement de nous des pervers irrécupérables. Au contraire, les petits scénarios coquins viennent parfois bien à point pour épicer une vie sexuelle qui, à la longue, finit souvent par afficher « fermé pour cause d’inventaire ». Échangisme, travestisme ou plan sadomaso, tout est possible tant que cela plaît à chaque partenaire et que chacun reste libre d’accepter ou de refuser le désir de l’autre sans se sentir forcé. Finalement, ne serions-nous pas tous des pervers qui s’ignorent ?
Petites perversions et fantasmes
- Trichophilie : Le fait d’être excité ou attiré sexuellement par les toisons pubiennes bien fournies, les cheveux, les hommes très velus. Difficile à assouvir par les temps qui courent.
- Acomoclitisme : Le contraire du premier. Ici, c’est la vue d’un pubis rasé qui met particulièrement en émoi.
- Exobiophilie : Fantasmes sexuels mettant en scène des extraterrestres ! E.T. Sex-symbol ?
- Ondinisme : Une pratique sexuelle en rapport avec l’urophilie, et qui consiste à arroser son partenaire avec des liquides corporels, souvent de l’urine.
- Oracolophie : Attirance sexuelle pour les… oreilles.
- Podiaphilie : Fantasme portant sur les tabliers de femmes et par extension les tenues de soubrettes.
- Pygophilie : Attirance prononcée pour les fesses, pas nécessairement celles de la crémière.
- Sidérodromophilie : Du grec « sidero », « fer » et « dromo », « chemin ». Attirance pour le coït ferroviaire.
- Aérodromophilie : Conjugue l’attrait des transports amoureux et des transports aériens.
- Candaulisme : Fascination que certains éprouvent à regarder leur partenaire habituel avoir des relations sexuelles avec un autre.