Kamasutra pour tous
Varier les positions amoureuses, c’est plus facile quand on est souple, fort et svelte. Mais que faire quand on a mal au dos, que l’on a une prothèse de la hanche ou que l’on est pas vraiment mince ?
Maladie du siècle, le mal de dos, n’a pas que des conséquences sur la vie professionnelle. Elle en a aussi sur la sexualité. La douleur, surtout quand elle est chronique, fait un piètre aphrodisiaque. Sauf chez les masochistes, mais c’est une autre histoire. Selon les quelques études disponibles, entre un tiers et deux tiers des patients atteints de lombalgies chroniques ont des troubles de la libido ou des troubles de l’orgasme. Dans une de ces études, un tiers des patients avait même arrêté toute activité sexuelle ! La maladie du siècle, on vous dit.
Changeeez !
Dorsalgie chronique rime-t-elle donc nécessairement avec abstinence ? Sûrement pas. Mais quelles positions amoureuses privilégier pour éviter les douleurs pendant ou après le coït ? Les médecins recommandent en général aux personnes souffrant du dos d’alterner les positions, et de voir éventuellement celle qui leur convient le mieux. Avouez, ça tombe plutôt bien ! On évitera juste celles où l’on se retrouve sur le ventre, peu favorables aux lombalgies et autres dorsalgies. Mais cela laisse encore pas mal de possibilités coquines. La position assise par exemple est parfaitement possible. Les médecins conseillent juste de s’asseoir en se calant le dos bien droit contre le dossier d’un siège. Monsieur sera pour une fois ravi de n’avoir rien à faire, ou si peu. Si c’est madame qui a des problèmes de dos, une variante consiste pour elle à s’asseoir sur le bord du canapé du salon, le dos bien soutenu par un ou plusieurs coussins, et à laisser faire son amant accroupi entre ses cuisses. Plus classique, la position couchée sur le dos est également possible en utilisant par exemple un coussin sous les fesses pour soulager ses vertèbres. Tant pis aussi pour le romantisme et l’improvisation, mais il peut être utile de préparer ses étreintes en prenant un antidouleur ou en ayant recours à un patch chauffant, un gel antalgique.
Le kamasutra du lombalgique !
Si vous êtes victime de lombalgies, sachez tout de même que certaines positions amoureuses sont sans doute préférables à d’autres. Certaines ont été mises en évidence par deux récentes études biomécaniques, d’autant plus originales qu’elles n’avaient jamais été conduites auparavant. Pour la petite histoire, les chercheurs issus de l’Université de Waterloo (Canada) se sont attachés à mesurer, à l’aide de multiples capteurs, les mouvements vertébraux de dix volontaires des deux sexes en train de bien faire, et cela dans différentes configurations amoureuses : la position dite des petites cuillères, deux types de levrettes et deux variantes de missionnaires ! Dur métier que celui de scientifique. Les auteurs de l’étude en ont ensuite déduit les positions et mouvements à conseiller et à éviter, en départageant par ailleurs les lombalgiques en intolérants à la flexion (ceux qui ont plutôt mal lorsqu’ils se penchent en avant) et en intolérants à l’extension (qui éprouvent surtout des douleurs lorsqu’ils s’arquent vers l’arrière). Résultats des tests : si vous êtes un lombalgique mâle intolérant à la flexion, mieux vaut demander à votre partenaire d’adopter une levrette à quatre pattes (les mains en appui donc) et délaisser les petites cuillères. Si vous êtes une femme intolérante à la flexion, optez pour le même type de levrette (pas avec les coudes par terre donc) ou les petites cuillères. Les hommes lombalgiques intolérants à la flexion privilégieront pour leur part les petites cuillères ou le missionnaire, à condition toutefois de s’appuyer sur leurs coudes et non leurs mains. Ils éviteront en tout cas la levrette à quatre pattes. Les femmes intolérantes à l’extension devraient, toujours selon cette étude, privilégier le bon vieux missionnaire, et surtout la position hanches relevées, jambes fléchies, sans doute plus reposante pour le dos ! Plus généralement, les auteurs de l’étude conseillent aux hommes lombalgiques de limiter les mouvements de bascule du bassin d’avant en arrière, ou de confier ce délicieux va-et-vient à leur partenaire !
L’étreinte du panda
Autre inconvénient fréquent, celui de l’embonpoint. Quelques rondeurs n’ont évidemment jamais empêché qui que ce soit d’avoir une vie sexuelle intense, que du contraire. L’obésité rime par contre souvent avec abstinence. Pour séduire et aimer, il fait se sentir désirable et beaucoup de personnes avec une importante surcharge pondérale ont une image d’eux très altérée. Parfois aussi, c’est mécaniquement que ça coince. Quand les kilos s’accumulent, la simple position du missionnaire peut s’avérer délicate. Surtout pour celui qui se trouve en dessous ! Il y a pourtant bien des couples dont l’un des partenaires est très corpulent, ou les deux, et qui ne renoncent pas pour autant aux plaisirs de la chair ni à la variété. Certaines configurations amoureuses sont évidemment plus accessibles que d’autres. Si l’homme est plutôt corpulent, il suffit souvent à sa partenaire de le chevaucher de face ou de dos. Si c’est au contraire la femme qui est plutôt potelé au niveau du ventre, on recommandera là encore plutôt les « petites cuillères ». Certaines variantes de la levrette devraient aussi faire l’affaire si la femme a les fesses assez joufflues. C’est le cas par exemple de l’étreinte du panda. Cette position dans laquelle l’homme et la femme se font face, mais en tête-bêche, permet d’alterner pénétration vaginale et caresses anales pour le plus grand plaisir de madame ! Masturbation mutuelle, sextoys, sexe oral… en réalité, il y a moyen de varier sa vie sexuelle même quand le poids ou l’état de santé des partenaires limite le nombre de configurations amoureuses. Un missionnaire c’est banal, mais quand ça se passe sur le sol du salon ou de la cuisine, c’est tout de suite nettement plus excitant !
Érection d’acier et hanches de titane
Les scientifiques ne font pas que se pencher avec une saine curiosité sur les capacités amoureuses des patients atteints de douleurs dorsales. Récemment, une autre équipe s’est attelée à répondre à une question qui n’avait jusqu’ici pas trouvé de réponse : existe-il un risque à s’envoyer en l’air lorsque l’on a bénéficié d’une prothèse totale de la hanche ? Des conflits entre les composants de la prothèse (titane, céramique, HXLPE) ou l’os pourraient-ils apparaître ? La question n’est pas anecdotique. La pose d’une prothèse totale de la hanche est loin d’être rare et connaît même un boom chez les 45-54 ans (+ 205% aux USA en 2010). Bien des « jeunes » patients se demandent donc s’ils peuvent continuer d’avoir une vie sexuelle normale après une telle intervention. La réponse est oui, mais là encore, certaines positions sont préférables à d’autres, comme le montre l’image ci-dessus.
Un orgasme, deux aspirines !
Selon des chercheurs de la Rutgers University au New Jersey, les relations sexuelles se révèlent être un excellent antidouleur ! Les responsables de cet effet secondaire plutôt inattendu ne sont autres que les endorphines, les fameuses hormones du plaisir, dont on connaît aussi les effets positifs sur le bien-être, la relaxation nerveuse et musculaire. Selon ces mêmes chercheurs, l’orgasme aurait ainsi l’effet de deux aspirines. Sans les inconvénients ! Certains docteurs suggèrent d’ailleurs à leurs patientes atteintes de douleurs chroniques de se masturber et de voir si la situation s’améliore. À quand l’orgasme sur ordonnance ?