Simulations
En amour, on simule. On simule parfois énormément. Mais qui et pourquoi ? Telle est la question.
Oui, ouiii ! Encooorre ! Aaah, Oooh ! Mmmm ! Le sexe est souvent plus ou moins bruyant. Ou à tout le moins physiquement démonstratif. Quand on prend son pied, on a envie que le partenaire le sache, voire aussi un peu les voisins. Rien de plus naturel après tout qu’exprimer sa satisfaction. Ces vocalises plus ou moins articulées ont d’ailleurs une autre utilité : elles servent de médiation, d’aphrodisiaque, renseignent le partenaire sur la proximité de l’orgasme, et lui indiquent quels mouvements, caresses et suçotements sont les plus efficaces. De façon curieuse, ce mode de communication amoureuse, car c’en est un, a été peu étudié. Beaucoup moins en tout cas que le chant des baleines auquel il s’apparente pourtant par certains côtés.
C’est pas moi, c’est l’autre !
Cela dit, il ne faut pas toujours prendre ces gémissements au pied de la lettre. Car il s’agit parfois des leurres ! Et plus précisément de simulation. Et ce phénomène commence lui à être bien compris par les chercheurs, à défaut de l’être par les êtres humains de sexe masculin. Car il faut bien l’avouer, ce sont apparemment surtout les femmes qui simulent l’orgasme. Selon les études, de la moitié à deux-tiers des femmes auraient déjà un jour ou l’autre fait semblant de prendre leur pied ! À comparer avec les 25% des hommes, qui selon d’autres études auraient déjà feint la même chose. D’autres sondages avancent le chiffre légèrement plus modeste d’une femme sur dix. Qu’importe, cela fait déjà pas mal de monde. Par contre, dans les enquêtes, très peu d’hommes avouent avoir été au lit avec une simulatrice. Les autres peut-être, mais jamais eux ! Que peut-on en conclure ? Soit les hommes sont très naïfs et facilement impressionnables. Soit les femmes qui simulent jouent au moins aussi bien la comédie que Meg Ryan dans « Quand Harry rencontre Sally » !
Simulatrice et délurée
L’une de ces enquêtes menées auprès de 805 infirmières a en tout cas permis de mieux cerner le profil de la femme qui fait parfois semblant : elle est devenue sexuellement active plus jeune que celle qui ne simule jamais, et se montre sexuellement plus « exploratrice ». En clair, elle a plus d’expérience ! Et attend peut-être mieux d’une étreinte amoureuse que quelques papouilles vite fait sur le gaz. Ces observations ont d’ailleurs été confirmées dans une étude ultérieure. On y apprend par exemple que la simulatrice a eu dans sa vie plus de partenaires et d’expériences sexuelles (fellation et cunnilingus compris) que la « non-simulatrice ». Par ailleurs, elle se voit souvent aussi comme plus attractive. Selon ces études, sa motivation pour simuler pourrait donc grosso modo être la suivante : « J’aimerais que ce grand con cesse de se trémousser sur mon joli corps en me malaxant les seins ».
Un plaisir invisible
Mais les raisons de simuler l’orgasme et le plaisir sont sûrement un peu plus nombreuses qu’une certaine forme de narcissisme. Le phénomène illustre d’ailleurs la complexité des interactions qui prévalent dans les rapports amoureux. Interactions qui ne sont d’ailleurs pas toujours conscientes. On peut très bien ne pas aimer le sexe, ou pas avec ce partenaire-là, tout en essayant de ménager l’amour-propre de celui-ci. On peut aussi avoir envie d’écourter les choses, même si elles sont agréables ! Une des raisons qui poussent certaines femmes à simuler tient peut-être aussi dans un constat vieux comme le monde : l’orgasme féminin est quasi invisible ! Tout se passe à l’intérieur ou presque. Pour ces dames, le seul moyen de manifester leur plaisir et de valoriser le partenaire, c’est encore de le faire bruyamment !
Une histoire d’ooh !
L’une des enquêtes les plus complètes sur la simulation de l’orgasme reste celle de quatre chercheuses anglo-saxonnes : Faking it : the Story of Ohh ! Dans celle-ci, les chercheuses émettent une hypothèse. Si tant de femmes simulent vocalement l’orgasme, c’est parce que la culture populaire, notamment le porno, associe l’orgasme féminin à un débordement incontrôlé de plaisir. Une légende persistante qui explique pourquoi tant de mâles tombent encore dans le panneau.